Centre des loisirs Monique Joly (Crillon)

La bastide Crillon nommée « Grange de l’Aubarestié » était l’Aubarestière (voir Cadastre de 1819 aux Archives). Le nom des terres était donné au féminin car on disait la terre de … La terre de l’Aubarestié était l’Aubarestière.

 

Pourquoi l’Arbalestière aujourd’hui ? Les noms des routes et des quartiers anciens remontent loin dans le temps. C’est certainement une erreur de transcription car les documents étaient vieux et écrits à la plume.

Il faut savoir que le mot Aubarestié (ou Arbalestrié les deux se disent) viennent du mot      « ARBALETE » en provençal.

 

Il y a deux explications possibles :

  • Soit cela vient d’un oiseau présent sur ces terres, l’Aubarestié (ou Arbalestrié), sorte de grand martinet dont le corps en vol ressemble à une arbalète.
  • Soit du fait qu’un régiment d’Aubarestiers (ou Arbalestriers) aurait installé son camp dans cette partie du Pontet, en 1536, envoyé par le Roi de France François 1er pour bloquer les troupes de Charles QUINT qui envahissaient la Provence.

 

La bastide a été construite par Louis de VERI, Marquis de Rainouard, Seigneur de Velleron (18e S) et son épouse Jeanne de la grande famille Berton des Balbes de Crillon. On l’appelait aussi le Château de Véri, certainement le lieu de villégiature de cette famille.

Le Domaine de l’Aubarestière était constitué d’une bastide (le Centre de loisirs actuel) avec son pigeonnier sur le côté, d’une ferme exploitation agricole (terrain de sport actuel) sur 22ha de terres.

 

On peut imaginer des scènes d’antan : la bastide richement meublée, la famille en vacances sur ses terres, les réceptions données, la ferme avec ses écuries, ses chevaux, étables, vaches, chiens, des palefreniers, et les enfants s’amusant dans les jardins…

Les de VERI avaient 4 enfants : 2 filles, 2 garçons

Joseph Alphonse de VERI deviendra un grand personnage de France. Ecclésiastique, il voyage beaucoup, se passionne pour la diplomatie et devient Conseiller du Roi Louis XVI à Versailles. Il écrira plus de 300 cahiers, qui deviendront célèbres, sur la vie politique de l’époque.

Les filles rentrent dans les ordres (les Ursulines), Louis Gabriel décédé en 1785 c’est Joseph Alphonse qui hérite du domaine de l’Aubarestière.

En 1792, au lendemain de la Révolution Française, il se retire en Avignon dans son domaine du Pontet. Il doit prêter serment civique devant la municipalité d’Avignon.

Malheureusement, ecclésiastique, noble, anciennement proche du tyran, il est arrêté en 1793 et incarcéré en vue d’être guillotiné. La mort de Robespierre en octobre 1794 lui sauve la vie, il est libéré et  décède en 1799.

 

Ses sœurs héritent du domaine, qu’elles vendent au Comte Antoine LIGNAUD de Lussac.

En 1819, il revend le domaine à Antoine de CHABERT(1789-1862).

A sa mort en 1862, son fils Alfred de CHABERT (1821-1879) hérite de la bastide qui restera

103 ans dans cette famille. En 1922  elle sera vendue à la famille CHALEYER, déjà propriétaire du clos de l’AUFFANTE, comprenant une ferme (face au Centre Commercial actuel) et 14 ha de terres

Les Chaleyer agrandissent, avec cet achat, leur domaine soit 36 ha de terres, et s’installent dans la bastide d’où ils gèrent leur exploitation agricole, constituées de prés et de vaches.

En 1964, M. Chaleyer veuf vend au promoteur SCIC Méditerranée pour la construction de logements.

En 1972 la ZAC de Cassagne est créée, les lotissements se construisent et le quartier devient l’Arbalestière.

La Commune récupère par rétrocession le château et en fait un Centre Culturel qui deviendra le Centre de Loisirs actuel.

 

« Le canal Crillon fut pour sa part conçu au XVIIIe siècle pour l’irrigation en raison du pouvoir fertilisant des eaux limoneuses de la Durance qui l’alimentent. […] D’après J.-A. Barral, un chirographe du pape Benoît XIV lui facilita l’accomplissement de cette résolution en lui concédant en 1754 les terrains nécessaires à la réalisation de ce canal d’irrigation. Mais c’est le duc de Crillon dont l’aïeul, le Brave Crillon, avait reçu de la cour de France la concession de cette dérivation, qui se vit confier la réalisation du canal en 1769. Les travaux furent exécutés en six ans, de 1775 à 1781. »

 

SIGNORE, Hervé. Le Pontet : naissance d’une commune 1800-1925. Editions A. Barthélemy, Avignon. 2005. 174 p.