Remarquable fleuron du patrimoine historique de notre ville, ce château a connu maintes péripéties avant de devenir l’espace culturel que l’on connaît.
Autrefois
Cette livrée cardinalice fut construite vraisemblablement au début du XIVe siècle par Raymond Guillaume de Fargis, neveu du premier Pape d’Avignon, Clément V.
A sa mort, ce serait un certain Georges de Ricci, seigneur de Vedène et de Saint -Saturnin, Consul d’Avignon, qui en serait devenu propriétaire et aurait terminé sa construction en 1395.
A la fin du XVe siècle, le château de Fargues passe aux mains de la famille italienne de Gardini, originaire d’Asti.
Au XVIe siècle, le château se trouve associé à de nombreux épisodes de l’histoire d’Avignon. C’est ainsi qu’en août 1502, lorsque la peste s’abat sur Avignon et fait des ravages pendant plusieurs mois, la municipalité avignonnaise séjourne provisoirement au château de Fargues qui n’a pas été atteint par le terrible fléau.
Pendant le règne de François 1er, alors en guerre contre Charles Quint, les terres de Fargues sont le théâtre d’une occupation sans précédent. Le château est pillé et brûlé par la soldatesque française.
En 1623, Fargues devient la propriété de la famille de Cambis, d’origine florentine. Les différentes générations de Cambis portèrent toujours un vif intérêt à leur château, le restaurant et l’améliorant sans cesse. Ils purent même obtenir le privilège de célébrer les offices religieux dans la chapelle du château, aujourd’hui détruite.
Un siècle plus tard, le château est en très mauvais état, en partie écroulé. Le propriétaire de l’époque, le Marquis de Cambis, fait alors établir un état des lieux qui révèle que peu de pièces sont réellement habitables.
La partie du XIVe siècle sert de bergerie au rez-de-chaussée. On trouve au 1er étage deux magnifiques cheminées aménagées dans la muraille, cheminées qui existent encore de nos jours. Sans manteau et sans faire de saillie à l’intérieur de la pièce, elles prennent extérieurement un aspect monumental : en encorbellement sur la façade, elles sont soutenues par des corbeaux arrondis et leur conduit s’élève aujourd’hui bien au-delà du faîte de la muraille, la toiture ayant été abaissée.
En 1763, le Marquis décide de faire effectuer les réparations qui s’imposent pour donner à l’édifice un aspect plus soigné. Il fait construire aussi un pont en bois au-dessus du vivier dans le parc. Ce dernier, immense et bien entretenu, existait encore dans le courant du XIXe siècle.
Esprit Requiem, ami du Marquis de Cambis et fondateur du Musée d’Histoire Naturelle d’Avignon, vint souvent à Fargues pour ensemencer et chercher des plantes qui figurent aujourd’hui dans les collections de l’herbier du musée.
Aujourd’hui
En 1982, la municipalité décide de lancer l’ambitieux projet de restauration et de rénovation du château de Fargues.
Il était impensable en effet de laisser ce lieu chargé d’histoire dans un état d’abandon. L’équipe municipale se devait de mettre en valeur l’admirable potentiel architectural qui était offert à la commune.
Par arrêté du 1er octobre 1982, le bâtiment principal du château a été classé « Monument Historique ».
Le portail d’entrée, les façades et les toitures des deux pavillons d’entrée, celles des bâtiments situés au Nord et à l’Est de la cour ainsi que du bâtiment situé à l’extrémité de la grange ont été, eux, inscrits aux Monuments Historiques par arrêté de la même date.
Après 10 ans de travaux, sous l’égide d’un architecte en chef des Monuments Historiques, le château de Fargues est devenu un édifice qui fait la fierté de la municipalité pontétienne, probablement sa plus belle réalisation.
Grâce à l’installation d’une école de Musique, de Danse et de Théâtre (antenne du Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Avignon), grâce à l’aménagement de salles d’exposition et d’une salle de spectacles de 171 places, le château connaît désormais une seconde vie, et de la plus belle façon qui soit, puisque la totalité de cet espace est consacré à la Culture.
Depuis le 1er janvier 2005, le Château propose la location de la salle du Tinel et des salles voutées pour l’organisation de séminaires, colloques, conférences, avec tout le matériel nécessaire et des services annexes comme l’organisation de cocktails, pauses-café, transports, réservations hôtelières, etc…
sources : Ouvrage « Le Pontet » édité en 1982 (Régis Deroudilhe – Maire de 1959 à 1994) et le Ministère de la Culture.
Le jardin médiéval
Toujours en collaboration avec l’architecte en chef des Monuments Historiques, la réalisation du jardin et l’aménagement des abords du château au cours de l’année 2000 achèvent de redonner à l’ensemble son aspect médiéval, entre nature, histoire et patrimoine.
Reconstitué d’après des données historiques sur la définition et la composition des jardins médiévaux, cet espace paysager comprend 4 parties :
• le pré-haut : cet espace clos de treillages pour limiter le vagabondage des animaux est directement établi au pied de la face ouest de la livrée. Il recrée l’ambiance des reproductions anciennes. Il est composé de massifs engazonnés permettant de s’asseoir au frais pour deviser courtoisement dans fleurs et massifs odorants, agrémentant cet espace de convivialité. Dans ce projet, il est en communication directe avec la salle de spectacle intérieure, procurant un complément de plein air plein d’agrément. Cet espace est volontairement isolé par des clôtures et la douve engazonnée.
• le courtil : franchissant le « pontet », de l’autre côté s’étend le courtil. Le principe retenu est de surélever dans des caissons de noisetiers entrecroisés, des plantations, soit florales, soit comestibles. La circulation se fait sur un sol herbeux, à l’ombre de pergolas sur lesquelles courent vignes et rosiers. Des portiques permettent de créer des motifs verticaux aux effets décoratifs. Lieu d’agrément, de promenade, il est clos pour la protection des espèces et la propreté des circulations. Son caractère intimiste doit être protégé par des barrières plantées d’épineux. Les grands platanes, conservés, augmentent la protection contre les ardeurs du soleil.
• le bosquet : au sud du courtil, sous les platanes, les espaces plus libres, sont séparés par des haies permettant une certaine intimité vis-à-vis de l’urbanisme environnant, mais aussi de couper les effets du Mistral.
• la roubine : cette sorgue permettait de drainer le sol, mais aussi de créer une défense naturelle. Il n’est pas impossible qu’elle ait également servi de vivier. Cet espace aujourd’hui engazonné garde sa forme originelle.
source : Dominique Ronsseray, Architecte en Chef des Monuments Historiques